Samstag, 1. Oktober 2016

Le dernier monde nouveau


















Am 3. Juli 1957, während der vierundzwanzigsten und
letzten Sitzung seines Seminars „Relation d’Objet“ em-
pfahl Lacan eine Sagan-Rezension als Ferienlektüre: „Je
laisse à dépeindre et à définir ce que peut être la géné-
ration actuelle, laissant à d’autres le soin d’en donner
une expression directe et symbolique, disons à Françoise
Sagan que je ne cite pas ici au hasard, pour le seul plaisir
de faire de l’actualité, mais pour vous dire que comme
lecture de vacances, vous pourrez voir ce qu’un philo-
sophe austère et habitué à ne se situer qu’au niveau
d’Hegel et de la plus haute politique, peut tirer d’un
ouvrage d’apparence aussi frivole.Je vous conseille de
le lire (numéro de Critique d’août–septembre 1956) sous
le titre: „Le dernier monde nouveau“; étude qu’il a faite
sur les deux livres, Bonjour Tristesse et Un certain sourire 
de Françoise Sagan.“

On ne voit vraiment pas pourquoi les jeunes écrivines d’au-
jourd’hui ne parleraient pas tout aussi bien, et avec autant
d’égards fraternels des pyjamas des ex-virils partenaires des
amours à allure masculine des héroïnes de leurs romans. Car
ces héroïnes "détaillent" déjà avec une très masculine indif-
férence (qui leur parait, il est vrai, encore "merveilleuse";
comme elles l’avouent elles-mêmes avec une touchante hu-
milité) les formes viriles qui s’offrent à leurs yeux lorsqu’
elles voient passer en beauté dans la rue, ou plutôt sur le
trottoir de la Promenade des Anglais (Un certain sourire,
p. 118) une de leurs éventuelles conquêtes, dont elles em-
brassent le "torse" (qui, malheureusement, même s’il est
du Belvédère, ne vaudra jamais, d’un certain point de vue,
celui d’une vénus du Capitole ou même d’ailleurs) quand
une telle conquête vient à se parachever dans un lit.

Alexandre Kojève, Le dernier monde nouveau (1956)